Objets

Un foulard rouge à pois blanc supporte sa jolie tête malicieuse. Elle enfile sa veste noire et j’aperçois ses ongles vernis de rouge s’échapper par la manche. Encore un sourire et la voilà partie.
Je regarde la porte se refermer derrière elle. Sa silhouette fantomatique disparaissant dans l’opacité d’une réalité qui me saute à la tronche car, en fait, ça fait des mois qu’elle n’est plus là. Ça fait des mois que je la rêve, que je l’imagine déambuler dans mon appartement.
Je gratte ma barbe naissante, puis je me frotte les yeux… silencieux.

Je ne sais pas pourquoi. Un réflexe idiot sans doute. Le lecteur mp3 coincé au creux de ma paume, le pouce sur le curseur, les noms qui défilent, et choisir ce morceau là. Inconsciente, un peu. Sans savoir que ça ferait tout remonter, comme ça d’un seul coup. La rythmique entêtante, la voix un peu trop haut perchée, cette musique dont il ne savait rien, que j’avais choisi pour être la Bo de notre rencontre. Il me fallait du courage, et du lâcher prise: c’était le morceau parfait. Celui qui fait gonfler la poitrine, serrer le ventre et redresser le menton. La mélodie hachée qui se cale sur les battements du cœur, se substituant à sa pulsation, la normalisant. Tout se passera bien. Les trois minutes préludes les plus tendues et heureuses. Les trois minutes trop courtes d’être longues. Lire la suite