Coquelicots

Le soleil lourde méchamment les champs, étirant ses grands bras jaunes jusque sur les ballots, jouant à qui est le plus fort avec l’ombre. Les brins vert gras et moi. Dans mon dos, la terre chaude encore commence à suinter. L’humidité sur les reins veine en longs tracés, parcourt, invente des sinueuses. Je plisse les yeux, les nuages entre les fentes étirés comme du coton. On y voit ce qu’on veut: leur fluctuation se prête à tout. D’imageries imposées en longues dérives, animaux qui se poursuivent, lettres qu’on n’écrira plus, quelque part entre le rêve et l’envers.

Moi je vois leurs profils, elles densifient : des danseuses de fin de soirée, lascives, usées, regard ailleurs au loin. Ondulantes et indéterminées, les filles pensent. Les tissus claquent, leurs corps parlent un autre langage que celui des yeux, tout s’allume et s’éteint à nouveau, stroboscope. Dans une heure ou deux, elles rentreront chez elles, claqueront la porte, réchaufferont un plat minceur au micro-ondes maculé d’éclaboussures, boiront au goulot une bière trop glacée. La petite vie minutée des gens qui ont eu trop de temps. Pas assez. Seules. Trouver quelqu’un, recommencer? Je me demande si elles veulent partir, parfois. Tailler la route, au bord des armes, rien comme bagage que du vent et quelques grains de sable. En auraient-elles la possibilité, l’énergie?

Les filles platines soumises au rythme, diamant, leurs trop plein de dents et de chair s’étiolant comme fanent d’un rien les coquelicots.

Les taches rouges au milieu du blé blond naissent sans prévenir, hirsutes, hissées sur leurs mâts graciles. Les jupons quasi translucides tournoyant, on les croirait petites personnes. Leur prêter des historiettes mimées, vagabonder avec leur valse pour témoin. On s’habitue à leur présence garance puis d’un coup disparition. Les coquelicots meurent sans un bruit.

Mon corps s’enfonce de plus en plus dans l’herbe tiédie, mes cuisses pèsent une tonne, mes épaules sont clouées. Des fourmis colonisent mes hanches, un brin chatouille ma tempe, je m’incorpore au sol. A coté, plus loin, les coquelicots tanguent.

Ciel mauve, j’attends la pluie. Transpercer cette lumière trop crue, dépoussiérer l’air, laver l’airain du jour. Il faudrait des litres d’eau pour adoucir les contours, une main à tenir sous l’averse, à croiser un sourire, et doucement s’évanouir comme l’été. Le ventre brûlant et l’instinct en veilleuse, croire encore au silence dans lequel se font les plus belles histoires.

J’ai toujours aimé la politesse exquise des coquelicots.

Ecrivain #20

Début de l’histoire ici

Contenu explicite. Réservé à un public majeur et averti

Me foutre au pieu. J’en peux plus, il est temps que je récupère un peu. Même quelques heures de mauvais sommeil, même troublées par les cauchemars incessants, ça vaudra mieux que rester à tourner en rond entre fauteuil et télé éteinte. Les draps sont tièdes, de cette chaleur moche qui colle à tout, je déteste ça. Mais j’ai pas de courage assez en stock pour me trainer jusqu’à la douche, tant pis. Mes aisselles ruissellent, mon front aussi, sous mes reins le coton s’humidifie. Penser à installer une clim’ dans cet appart. Ou le quitter: déménager me semblait pas une option, mais avec le fric du film… Peut être que je pourrais aller ailleurs? Un autre quartier, je rêve d’un loft -truc de hipster dirait Claire. Lire la suite

Ecrivain #18

Début de l’histoire ici

Contenu explicite.Réservé à un public majeur et averti.

Je suis totalement happé par cette image sur mon écran. La rondeur du dessous, la peau fine qu’on devine douce, un grain de beauté juste sous le sein droit, petite tâche noire hypnotique. Sauf que quelque chose sur lequel je ne peux mettre le doigt me perturbe.

 Mauvais esprit.

 Si. Je sais. Sur ma boite gmail, à côté de son pseudo, une boule verte. Je pourrais lui parler, elle est en ligne. Sans doute qu’elle le veut, que c’est fait exprès. Je n’avais jamais remarqué ça jusqu’à présent. Que faire? Engager la conversation? Oui, mais comment? La complimenter? Jouer les distants, les agressifs, et si c’était un homme, une arnaque, si je me faisais avoir? Lire la suite

Ecrivain #17

Début de l’histoire ici

Réservé à un public majeur et averti.

Cette lumière blafarde qui tombe sur le parquet, lugubre. C’est ça, j’ai passé la soirée à écrire. Faisait longtemps que c’était plus arrivé. L’écran attire: la page m’angoisse. Idiote contenance que j’attrape face à un clavier alors que le stylo me tétanise. Rapide vérification: dix mille deux cent sept signes. Espaces non compris. Pas mal pour une reprise. Faudra tout repasser à la moulinette, évidemment. Reprendre certaines phrases, en guillotiner d’autres, corriger, biffer des inutiles ou des redondantes. Gros boulot. Mais pas tout de suite. Je ne sens plus mes vertèbres: plutôt je ne les sens que trop. Alcool, sexe, insomnie, et quarantaine. Pas trop compatible avec un dos déjà en compote.

La complainte du quadra.
Lire la suite

Rose lune

image

Didi. Un simple redoublement d’une syllabe. Rien de bien sorcier. Je ne sais pas d’où elle a sorti ça. Elle n’est pas particulièrement imaginative. Je ne sais pas ce qu’elle fait en fait ni qui elle est. A quoi elle pense. Si elle rêve? Ce qu’elle aime. Je sais qu’elle peut passer des heures à regarder le tennis à la télé, j’ai le souvenir assez net des courts de tennis orange, du bruit de la balle, lancinant, récurrent, des ahannements des joueurs, des petits ramasseurs de balles qui détalent à toute allure,des jambes hâlées et l’ombre plus claire quand le short se soulève, des scores mystérieux pour moi.

Lire la suite

Ecrivain #16

Début de l’histoire ici

Réservé à un public majeur et averti.

Je fouille déjà son con mouillé de mes doigts, quand je m’arrête: m’a semblé que. Ouais. Elle chiale.
La tête enfouie dans l’oreiller, les bras replié sous elle comme une enfant, ses sanglots étouffés qui font rouler ses épaules. Qu’est ce que c’est que cette nana?
Entre mes cuisses, mon sexe flasque. Certaines larmes vous désarment. Celles ci on dirait bien qu’elles ont font partie: plus de réaction, du tout.
Son cul blanc toujours aussi magnifique, et puis les fossettes juste au dessus. Me rappelle cette histoire de diable. Débile, j’ai du lire ça je sais plus où gamin, ça m’avait marqué longtemps. Mon grand bonheur c’était en classe quand devant moi les filles se penchaient sur leur bureau pour écrire, elles avaient des pulls trop courts, ils se soulevaient et si l’angle était bon, alors je matais leurs reins, cherchant le fameux «sourire du diable». Une surtout, Anne. Elle avait une peau blanche marquée de zébrures violettes -grandie trop vite, les vergetures n’épargnent pas les gamines de douze ans – et les deux petits trous au dessus de la ceinture de son jean me rendait littéralement dingue.
Vingt neuf ans après ça m’est pas passé. Lire la suite

With you

J’arrive plus vraiment à respirer : tête qui tourne, en sueur, une mèche un peu collée sur le front. Je roule sur le côté, me penche et je te pique une Camel : tu ris, parce que tu sais que je ne fume pas. Tu m’en as proposé une tout à l’heure, j’ai décliné. T’ai dit que j’aimais pas mais que voir un homme fumer, c’était un truc que je trouvais très sexy. Ça a été ton premier sourire: il m’a fichu un sacré coup au ventre. Putain.

Je la place sur la table de nuit, à côté du téléphone. Le radio-réveil indique 6h41. Fantasme un peu débile : rejeter la gorge en arrière en crachant la fumée, secouer les cheveux quand tu ne seras plus là. Le nuage âcre qui tourbillonne autour de toi, je veux le faire mien un peu plus tard, une fois que tu seras sorti. On regarde le plafond, deux gosses qui ne savent plus où se mettre. On est bien appris, après être tombés dans les bras l’un de l’autre, après avoir ravagé mon lit qui pourtant en a vu d’autres: d’éphémères amants, des peaux qui brûlent, des verres renversés et des clopes qui trouent le coton. Lire la suite

Ecrivain #15

Début de l’histoire ici

Réservé à un public majeur et averti.

Amer et fort, je le finis d’un trait. la serveuse s’agite mollement avec une Vileda, à astiquer des verres qui ne semblent pourtant pas se départir d’une couche de gras persistante.
Un peu comme celle que tu as à la taille dirait Claire hein mon vieux 

Je pose la monnaie sur le zinc, et m’esquive. La rue est mouillée de jaune. Les travaux d’à côté charrient une poussière bizarre, qui avec la pluie forme une pâte fine sur les trottoirs. Sale ambiance.
Rentrer, faire claquer la porte derrière moi. Soudain un truc comme une présence. Frisson qui parcoure l’échine. Je me retourne mais personne. Putain. J’aurais juré que …

Tu balises pour rien vieux. Ouais.

Je ramasse mon paquet de clopes sur la table basse, en extrait une, veut allumer. Cherche mon briquet. Pas dans ma poche. Pas sur la table.

Je fouille avec ce que je voudrais bien appeller de la méthode. Ça n’en est pas. Je soulève un pull, inspecte derrière les rideaux. Rien.

Et merde

Ma montre est impitoyable. Dans dix minutes grand max elle est là. Emma. Est ce que je vais l’appeler par son prénom style décontracte ou bien ?

Fais chier.

Pas le temps de descendre en acheter un chez Momo. Envisager de sonner à la porte puis non. Un couple de petits vieux allumés qui de toute façon m’ouvrirait sûrement pas. Tant pis.  Quoique. Cuisine.

J’ouvre un tiroir. Puis l’autre. Encore un. Où a-t-elle bien pu fourrer ça ? Je me plante un couteau dans la paume en poignant dans les couverts  juste assez pour que ça pique mais sans saigner et enfin je le trouve.
Je savais qu’on avait un allume-gaz. C’est vrai que depuis que C…

Partie évadée enfuie libérée décloisonnée. Tu peux utiliser tous les mots que tu veux elle t’a laissé comme un con la Claire

Je tire une bouffée. Soulagement. La nicotine pique l’intérieur de mes joues. Ma gorge. Je ris à me voir dans la glace, mes cheveux totalement désordonnés clope au bec et air de mec qui a pas tous ses neurones bien rangés.

On sonne. Quatre minutes d’avance. Ça ne peut être qu’elle.

Je passe des doigts raides dans ma tignasse, vérifie la fermeture éclair  de mon jean – elle a tendance à se dézipper toute seule- et ouvre.

« Salut. J’pensais à toi alors je suis là. Tu me fais entrer ? »

Julie, belle comme on croirait pas est devant moi. Je suis incapable de dire ce qu’elle porte parce que je l’imagine direct à poil. Cette fille est faite pour ça et ma bite plussoie. D’ailleurs ça fait désordre avec ma fermeture éclair.

Un vrai ado. Au garde à vous des qu’elle apparaît à qui tu vas faire croire ça ?

Pourtant  nom de dieu je bande. Elle me bouscule et passe devant moi, se laisse tomber sur le canapé, jambes écartées – elle a un pantalon dommage- souffle. Taxe une clope dans le paquet, sors un briquet de sa poche et…

« C’est mon briquet ! Je le cherchais »

« J’aime garder un souvenir des mecs que je baise oui. C’était plus discret que ta platine t’avoues ».

Elle rit. Garce. Ses dents brillent d’un peu de salive, ses seins tressautent et ce son …

La renverser sur le sofa, ma main déboutonnant son pantalon, ma langue dans sa bouche, mes doigts dans sa chatte …

Emma.

Bordel de merde. Elle va arriver.

Agir.

« Écoute c’est génial que tu sois là vraiment mais j’attends quelqu’un « 

« Une femme ? ».  Elle ôte son pull, et je découvre comme si c’était la première fois ses nibards dans le balconnet. Wow. Bleu électrique ça tranche sur sa peau.

Et te met la trique. Pour faire une rime de bas étage.

« Je.. Non. Enfin si.  Mais heu. C’est pas ce que tu crois … »
Je me suis jamais senti aussi impuissant. Pas rapport à ma gaule mais plutôt au fait de pas savoir quoi faire d’elle. Quoi lui dire.

Elle se lève. « Ta chambre, c’est cette porte hein ? Je t’attends là. Débarrasse-t-en. Fissa ».

Je suis dans une merde noire.

Ou pas. Tu fantasmes à mort de ce qu’elle pourrait bien faire seule. Entre tes draps. Peut être nue.
Me calmer.

Ding dong. Me rend marteau. Bon.  Je prépare mon sourire de dandy et m’apprête à affronter.
Madame la productrice.

Elle est manifestement bien trop habillée pour un rendez vous pro. Une robe portefeuille noire, des collants dans le ton, un petit manteau court violet. Ses cheveux sont relevés en chignon. Elle a du rouge à lèvres. Clinquant. Un fushia énervant. Emma.

Si les femmes pouvaient arrêter avec ça. Ça colle quand on les embrasse, ça nous fait perdre leur goût, et à moi toute excitation.

Ça tombe bien en ce moment t’as bien besoin de ça.

Sois sage oh ma bite et tiens toi plus tranquille.

T’es débile.

Je lui tends la main. Elle prend le mienne avec une assurance totalement feinte. Ça se voit qu’elle flippe.

La Julie c’est pas le même animal. Arrête de la revoir à poil.

« Je n’ai pas beaucoup de temps mais je peux quand même vous offrir un café. Vous le prenez comment ? Sucre ? Lait ? Asseyez vous »

« Un peu de lait et deux sucres. Merci. Je ne serai pas longue ».

Tu parles Charles. La pointe de déception dans sa voix. Elle a beau tenter de rester discrète j’ai vu son regard. Le pull de Julie traîne sur le canapé. Elle sait pour Claire. Tout le monde sait. Elle doit se dire que j’ai ramené une pouffe. Être jalouse.

Tu te fais des idées mec. Toutes les nanas en pincent pas pour toi. T’as déjà du pot d’avoir levé la gosse là. D’ailleurs …

Emma contemple son café comme s’il s’agissait d’un sudoku. Je vois bien qu’elle ne sait pas où commencer mais je décide de pas l’aider.

« Vous savez Benjamin, ce film est très important pour moi. C’est presque un quitte ou double. On va engloutir pas mal d’argent dans ce projet et j’aimerai vraiment m’assurer de votre coopération. « 

« Mais bien sur. Corps et âme. Évidement. »

Et paf. La réplique de macho Cary Grant qui fuse. Elle rougit. Je n’hallucine pas.  Cette nana poserait bien un droit de préemption sur ma queue. Ma main à couper.

Ses doigts triturent la cuiller. Elle me parle de ce qu’elle veut faire. Des acteurs qu’elle a envisagé. Je réponds par quelques « hum » évasifs. Parfois oui ou non quand ça le nécessite vraiment. Le cadran de ma montre m’obsède. Déjà 12 minutes qu’elle est là. Calvaire.

Julie. Julie se touchant dans le coton. S’arquant dans ton plumard.

Faut que je trouve un truc. Mettre fin.

Mon téléphone.

Dieu merci. Je vais pouvoir en sortir. En décrochant j’ai peine à réprimer ma surprise quand je reconnais la voix de la gosse. Étouffée. Basse. Mais c’est elle.

« Débarrasse-t-en. Je veux baiser ».

Je saute sur l’occasion. Alors qu’elle a déjà raccroché depuis longtemps j’échafaude une fausse conversation, rendez vous qui attend. Etc.

Emma semble marcher en plein. Je la raccompagne puis c’est limite si je ne cours pas jusqu’à ma chambre.

Julie est allongée. Sur le ventre. Son cul blanc semble briller dans la semi obscurité. J’ose pas moufeter. Mais j’avance. Ma main sur sa cuisse. Puis au creux de ses reins. Ma bouche sur une fesse. Je la mordille la lèche l’imprègne la cartographie.

Ma langue joue à s’insinuer, je goute à sa saveur musquée, à son petit trou. Ses muqueuses sensibles.  Elle ne dit rien mais je la sens se tendre.

Ha elle voulait baiser …


À suivre

Ecrivain #13

Début de l’histoire ici

Attention, contenu explicite. Réservé à un public averti.

Elle apparait dans l’encoignure de la porte, son coude se pose sur le chambranle. Elle porte un truc trop large qui laisse voir son soutien gorge sous le bras levé. Elle portait pas ça hier? Si? Je sais plus. Si non, c’est qu’elle avait prévu le coup. J’ai eu le temps de me rétablir sur mes pieds: c’est sûr, j’en mène pas large, le cul posé sur la baignoire, et l’odeur acide qui règne dans la salle de bain pas aérée laisse aucun mystère sur mes activités.

 So glamour, darling. Lire la suite

Ecrivain #12

Début de l’histoire ici

Attention, contenu explicite. Réservé à un public averti.

Et merde. Mal de crâne, encore; ça m’apprendra. Je devrais le savoir pourtant. Agenouillé au dessus de la cuvette, les morceaux sur la faïence dégoulinent lentement, entrainés par le liquide visqueux et d’une nuance verdâtre. Coup de poing dans l’estomac, encore et paf! Nouveau jaillissement de mes tripes. Je finis par me sentir un peu mieux, me laisse retomber sur les fesses, une serviette autour du cou. Faudrait qu’elle soit fraiche, ça aiderait. Mais le simple fait de me lever et d’atteindre l’évier…

Non. Boire comme un trou ça a un truc d’un peu héroïque quand on est dedans. C’est marrant: les verres s’en-quillent, la gorge ne brûle même plus, au bout d’un moment c’est comme si l’alcool n’avait plus aucune prise. Lire la suite