Comptes

Fallait que je vous en cause, après tout elle est la source des conséquences, et veuillez agréer, de ma chute substantivée, mes sentiments les meilleurs, bla bla et bla, mais ne nous pressons pas, prenez un verre relaxez vous: on est là pour se détendre vrai? Une chose à la fois. Il sera toujours temps de voir venir la note – l’addition en d’autres termes. Cette souris mérite qu’on la détaille en douceur – j’eus aimé en profondeur – toute frétillante qu’elle aie été. Elle avait des mines… Des mines à n’en pas s’en laisser conter. Ni compter; d’ailleurs elle était comptable ceci expliquant cela. Et moi, moi j’aurais du me tailler. Avec style. Et du panache, tout en plume. Mais je préfère la machine à écrire, allez comprendre. Lire la suite

Baby

Au téléphone, quelques mots jetés, sans morgue, mais pas aimables non plus. Le moteur ronronne comme un gros chat paresseux. L’image est tellement cliché, (Susan, et son imagination débordante mais convenue, rions en) mais c’est la première qui me vient là spontanément: je souris. Passagère, encore. Conduire? Jamais appris… Arbres défilant à toute vitesse: parait que l’état de New York est ce qui se rapproche le plus de la France mais j’y suis jamais allée. J’irai peut être un jour, dans loin. C’est un fantasme qui en vaut bien un autre. J’attrape le pare-soleil, miroir. Racines plus claires sous l’auburn: temps que je refasse ma couleur. Je farfouille dans la boite à gants, écaille un bout de mon vernis rouge en ouvrant la boite de biscuits -il n’a pas tenu longtemps: j’ai fait mes ongles hier- penser à changer de marque. Lire la suite

Jazz

Texte à lire et écouter ici, merci Erwann pour la sélection musicale

Elle a mis le disque un peu au hasard. Parce que sortir un vinyle de son étui, le sentir glisser sous les doigts, la précaution qu’il lui faut prendre pour ne pas l’abimer- elle entend encore son père lui seriner “pose pas tes doigts dessus, prends le vers le milieu, comme ça, ça se respecte un disque, c’est fragile”- c’est déjà un bonheur en soi. Un de ces petits moments subtils, qui ne dure que quelques minutes, où le sourire pousse sans qu’on l’y force. De plus en plus rare. Alors platine, et disque. Tellement mieux qu’un cd. Ou qu’un MP3. La beauté des choses qui demandent même ne serait ce qu’un léger effort. Bien entendu, le son non plus n’est pas pareil. Et l’aiguille. L’amener juste à la bonne place, du bout des doigts, avec un petit frisson quand la musique démarre. Lire la suite

Ecrivain #11

Début de l’histoire, ici

Attention, contenu explicite. Réservé à un public averti.

J’avais bien une vague idée, un pressentiment: je mettais ça sur le compte du mélange alcool-anxiolytiques auto-administré pour lutter contre l’horrible peur de monter dans cet amas de ferrailles. Le genre de terreur qui vous fouaille les tripes, vous rend moite dégueulasse. Plusieurs tonnes qui s’envolent comme un putain de colibri, c’est flippant quoi qu’on en dise. Rien ne m’ôtera du crâne qu’on n’est pas faits pour voler. Non le mieux qu’on aie à faire, c’est garder les deux pieds bien au sol, et c’est déjà pas mal. Cette espèce de prétention hérétique à dominer les éléments et à s’envoyer à dix mille pieds à quelques centaines: partouze volante pour impuissants temporaires. Et consentants.

Cons tout court. Lire la suite

Ecrivain #10

Début de l’histoire, ici

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Las d’arpenter le couloir, je descend. Premier étage, il y a cette boite de comm, et la secrétaire, bien gaulée la petite. J’ai bien tenté une fois ou deux de l’inviter comme ça pour le sport.

Pull

Après tout, j’étais avec Claire. Je pouvais pas donner suite. Elle aurait dit oui j’aurai posé un lapin, phénoménal. Sévère. De garenne. Mais la possibilité de… Lire la suite

Ecrivain #9

Début de l’histoire ici

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Ses yeux verts se posent sur moi, les coins de sa bouche se soulèvent en un sourire. Forcé. Ça se voit tout de suite. Ce type de sourire qui ne mobilise que le bas du visage: tout l’inverse du vrai, celui qui fait plisser et pétiller le regard. Elle est froide, glaciale même.

Un glaçon. Un truc qui se suce, quoi. Miss Freeze. Hum.

 Seule l’écharpe semble réchauffer un peu l’ensemble. Curieux cet objet: apparemment c’est du fait main. Or si j’en crois la coupe et le tombé de son tailleur on a affaire à de la grande marque. Lire la suite

Ecrivain #8

Le début de l’histoire, ici

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Lætitia tripote sa cuiller. Nerveusement je dirai: ses lèvres sont pincées, on voit juste le bout de ses incisives qui mordent la chair rose corail. Ça pourrait faire une bonne photo. Surement. Faudrait juste une petite mèche tombant au coin de sa bouche. Les jointures de ses doigts sont blanches à force d’être crispés. Je n’ai pas envie de la mettre plus à l’aise. Je crois que ça me plait: observer cette femelle comme un animal curieux, hors de son contexte. Être chez moi, boire un café. Dans ma cuisine. C’est totalement pas son domaine.

Ça t’excite un peu, avoue Lire la suite

Ecrivain #7

Début de l’histoire ici.

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Il est 13h38. Lætitia va bientôt arriver. Forcément, c’est pas le genre de nanas à se pointer en retard. Persuadé même qu’elle arriverait tranquillement quelques minutes avant l’heure, histoire de pouvoir sonner à la seconde près. La ponctualité ça doit être un plaisir de moche. De fille qui sait bien que ce n’est pas avec son cul qu’elle te gouverne. Alors il lui faut trouver autre chose pour t’emmerder.

Tu pars toujours du principe que les femmes veulent (te) faire chier: y aurait peut être un truc à creuser non?

J’ai un vieux t shirt des Guns passé à la hâte, et un boxer. Propre. Ça suffit pas à être décent. Effort. Me dirige vers la chambre. Lire la suite

Ecrivain #6

début de l’histoire: cliquez ici

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Essuyée du revers de la main la buée: mes traits sont détendus. Il reste un tube de vitamine C, entamé aussi. J’en gobe une, on ne sait jamais. Parait que ça file un coup de fouet. Envie d’écrire, comme ça. Tripal. On sait jamais pourquoi ça vient. Un peu comme une envie de baiser: suffit d’un détail qui mette le feu aux poudres. Puis, ça fait au moins une semaine que je ne me suis plus assis, à mon bureau, prenant le temps. Aligner des mots, remettre de l’ordre.

Cuisine, je me prépare un café, fort. Avec une sucrette. Connement, j’ai écouté Claire: «tu devrais faire gaffe, ton ventre… Tu grossis». C’est pas complètement faux, je sens bien qu’attacher les boutons de mon jean révèle parfois certaines tensions. Et pas sexuelles. Je mange mal, je bois … Forcément. Lire la suite